top of page

Les nouvelles attentes des cadres marocains : Enquête BCG - ReKrute

  • Photo du rédacteur: Rim Bensouissi
    Rim Bensouissi
  • 21 avr.
  • 5 min de lecture


Une étude mondiale, un éclairage local inédit.

Menée par le Boston Consulting Group (BCG), The Network, le réseau des portails d’emploi leader à travers le monde et ReKrute pour le Maroc, cette enquête mondiale finalisée  a recueilli les réponses de 150 000 actifs dans 185 pays. Objectif : mieux comprendre les préférences professionnelles à l’ère de l’intelligence artificielle, les attentes vis-à-vis des employeurs, ainsi que les perspectives de transformation et de requalification.  


Un rapport au marché de l’emploi qui s’inverse.

Un changement significatif s’observe dans les leviers de motivation au travail des cadres marocains, témoignant des mutations profondes à l’œuvre depuis la crise du Covid. La stabilité de l’emploi s’impose désormais comme la priorité, alors qu’elle ne figurait même pas parmi les dix premiers critères en 2020. Une évolution marquante, reflet d’un besoin accru de repères dans un environnement plus incertain. Les possibilités d’apprentissage et de développement de carrière connaissent également une progression notable, passant de la neuvième à la deuxième place. La reconnaissance au travail, quant à elle, gagne trois rangs, traduisant une attente renforcée de valorisation individuelle dans la relation professionnelle.


A noter que ces facteurs sont essentiels pour les jeunes de 21 à 30 ans en particulier. 

Ils sont également beaucoup plus exigeants aujourd’hui ! Une majorité des cadres marocains est sollicitée plusieurs fois par an pour un nouvel emploi, et beaucoup déclarent avoir le pouvoir de négocier leurs offres, voire de les comparer.


 En effet, 18 % des cadres déclarent être sollicités hebdomadairement et 25% le sont mensuellement. 78% déclarent également avoir un fort à très fort pouvoir de négociation. 

Écart avec la moyenne mondiale : Les Marocains se montrent plus exigeants sur la forme autant que sur le fond, et placent l’expérience de recrutement comme un facteur de sélection déterminant.  


Les facteurs de rejet d’une offre : ce que les candidats marocains ne pardonnent pas :

Les résultats de l’enquête révèlent des critères décisifs pour les talents marocains lors du processus de recrutement. Au-delà de l’attractivité d’une offre, certains éléments peuvent être rédhibitoires. Ainsi, 46 % des répondants déclarent qu’ils refuseraient une offre s’ils estiment que les produits ou services de l’employeur ont un impact négatif sur la société contre seulement 39 % au niveau mondial.

Enfin, 36 % des candidats peuvent être dissuadés par une impression négative en entretien.  


Une adoption de l’IA plus rapide qu’ailleurs :

Le Maroc se place 4ème au niveau mondial, à égalité avec la Chine et juste avant l’Inde, en termes d’adoption régulière de l’IA générative (52 %). Les usages les plus courants au Maroc sont particulièrement révélateurs d’une appropriation de l’outil dans les dimensions clés du travail moderne :  

  • 44 % utilisent l’IA pour les études, l’apprentissage et la recherche (vs 41 % monde).

  • 35 % pour la rédaction de contenu professionnels (vs 41 % monde).

  • 34 % pour la recherche et développement (vs 24 % monde).   


Ce différentiel témoigne d’une approche proactive des Marocains, qui ne se limitent pas à un usage technique ou administratif de l’IA, mais l’utilisent pour nourrir leur réflexion, leur apprentissage et leur positionnement professionnel. En effet, 24% (versus 17% monde) des cadres utilisent l’IA comme si c'était un binôme, l'utilisant régulièrement / occasionnellement pour résoudre des fonctions essentielles comme le codage, la R&D, la personnalisation du contenu.

Ces usages dépassent la simple expérimentation : ils traduisent une volonté d’intégrer l’IA dans des processus métiers structurants.


Une gestion différenciée des résultats générés par l’IA :

 L’analyse des comportements des utilisateurs marocains vis-à-vis des contenus générés par l’IA révèle des approches variées mais qui peut manquer de sens critique.

Près de 36 % seulement déclarent réviser et modifier les résultats avant de les utiliser, contre 42% au niveau mondial.  


Les Marocains se veulent également très optimistes quant à l’impact et à la menace de l’IA d’ici les 5 prochaines années : 34 % seulement des cadres ne se sentent pas du tout menacés contre seulement 25 % au niveau mondial.


Ces chiffres montrent un léger manque de maturité numérique, les utilisateurs intégrant l’IA comme un levier d’optimisation, mais en renonçant à l’esprit critique et à la qualité du résultat final. À mesure que l'IA prendra une place de plus en plus importante dans nos vies professionnelles, le sens critique deviendra un véritable différenciateur. Ceux qui sauront allier cette capacité d'analyse critique aux compétences techniques et technologiques seront les mieux outillés pour tirer parti de cette révolution.


Loin d'être un frein au progrès, le sens critique est un catalyseur de l'innovation. En remettant en question les idées reçues, en identifiant les failles et les angles morts, et en explorant de nouvelles perspectives, il ouvre la voie à des solutions novatrices et durables.


Une volonté plus forte de se réinventer :

Alors que la moyenne mondiale s’élève à 57 %, 63 % des actifs marocains se déclarent prêts à se requalifier pour faire face aux transformations technologiques. Ce chiffre, supérieur à la moyenne internationale, reflète une proactivité remarquable et un réel appétit pour le développement continu. Mais cette dynamique se heurte à une réalité : le manque d’accompagnement structuré pour concrétiser cette volonté.


Les talents marocains sont prêts à apprendre, à évoluer, à se réinventer – mais encore faut-il leur en donner les moyens. Pour les entreprises, il s’agit d’une opportunité stratégique : investir dans la formation, offrir des environnements de travail alignés avec ces attentes, et intégrer l’IA comme levier de développement RH, non comme une contrainte.


Alexandra Montant, Directrice Générale Adjointe de ReKrute, commente : « Cette étude est un véritable miroir des transformations du marché de l’emploi. Les talents marocains, connectés, lucides et ambitieux, ne cherchent plus seulement un emploi mais un projet qui fait sens. L’IA ne les inquiète pas : elle les stimule. C’est une chance pour les entreprises, à condition de savoir écouter ces nouvelles aspirations.»


Zineb Sqalli, Directrice Associée BCG « L’adoption précoce et massive de l’IA générative par les talents marocains constitue un signal fort. Plus de 60 % des jeunes actifs et des profils qualifiés y ont déjà recours. Pour les entreprises, il ne s’agit plus de décider si elles doivent structurer ces usages, mais comment le faire, pour être un moteur de performance sans compromis sur la sécurité ni la maitrise des usages.»  


Conclusion : une opportunité RH à saisir :

Les résultats de cette enquête montrent clairement que les entreprises marocaines ont en face d’elles des talents prêts à apprendre, à évoluer, et à co-construire l’avenir du travail. Mais encore faut-il :

  • Leur offrir des environnements de travail alignés avec leurs attentes.

  • Investir dans leur requalification.

  • Et intégrer l’IA non comme une menace, mais comme un levier d’attractivité RH.

Car les talents utilisent déjà ces outils, de manière autonome et spontanée, souvent sans que l’employeur ne les ait formellement introduits ou encadrés. Il devient donc essentiel, pour les organisations, de se saisir activement du sujet : en définissant les outils à privilégier, en clarifiant les cas d’usage et en mettant en place des garde-fous. C’est à ce prix que l’IA pourra devenir un accélérateur collectif, et non un risque dispersé.


Article en collaboration avec notre partenaire ReKrute.com


bottom of page